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Au Rwanda, les cicatrices du passé peinent à se refermer

 

 

 

08/04/2013 

  

  

Par Samuel Jaberg, swissinfo.ch 

  

Dévasté au sortir du génocide, l’unique hôpital psychiatrique du Rwanda fait aujourd’hui figure de modèle sur le continent africain. On y soigne les cas lourds, avec la collaboration de spécialistes genevois. Et au-dehors, combien d’âmes errent en peine? 

Perché au calme sur une colline proche de l’aéroport international de Kigali, l’hôpital psychiatrique de Ndera dégage une sérénité apaisante. L’ensemble pavillonnaire est entouré de nombreux espaces verts et d’une place de basketball bien entretenus. Un site que l’on imagine propice à la détente, à seulement quelques kilomètres du centre-ville de la capitale rwandaise et de ses tumultes.  
 
Mais au gré de la visite, les silences se font soudainement plus pesants. Regards hagards et yeux vitreux sous l’effet des médicaments, les patients, agglutinés par petites grappes dans l’espace dévolu aux hommes, fixent longuement le visiteur.
 
«Cela fait quatorze ans que je travaille ici, et je n’ai jamais été victime d’agression, rassure Jean-Michel Iyamuremye, le directeur des soins de l’établissement. Ces patients ont surtout besoin d’écoute et de compréhension, nous devons sentir leur souffrance». 

 

Les cas les plus complexes 


 

Unique hôpital psychiatrique du Rwanda, Ndera n’héberge pourtant pas que des enfants de chœur. «Nous prenons en charge les cas les plus complexes, souligne le directeur. Ces personnes sont souvent atteintes d’une maladie psychiatrique, comme la schizophrénie, conjuguée à des lourds traumatismes liés au génocide de 1994».
 
Au Rwanda, selon des estimations de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), près d’un tiers de la population souffre encore de traumatismes sévères liés au massacre perpétré contre les Tutsis et les Hutus modérés il y a près de 20 ans. «Tout le monde a été d’une façon ou d’une autre impliqué dans le génocide, relève Jean-Michel Iyamuremye. Mais les personnes bien insérées dans la société, qui ont un travail et des liens sociaux, surmontent plus facilement ce tragique événement».
 
A Ndera, on retrouve ainsi tous les marginaux chassés du centre-ville par la police ou les condamnés un peu trop turbulents. Mais au dehors, combien d’âmes en peine errent encore prisonniers des démons du passé? Au quotidien, les langues peinent souvent à se délier et beaucoup refusent de mettre des mots sur l’indicible. Mais chaque année au mois d’avril, à l’heure des commémorations officielles, le traumatisme collectif revient comme un boomerang à la face du Rwanda. 

 

(LA SUITE : Swiss info.ch : ICI) 

  



08/04/2013    
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